LA CERISAIE

De Tchekov

La vente aux enchères de la Cerisaie, met apparemment un terme à l’enlisement des biens de la famille et met définitivement un terme à son pouvoir séculaire.

Mais chez Tchekhov, les choses décrites sous une apparente simplicité, organisent une structure complexe et sont chargées de significations profondes.

La Cerisaie va disparaître, mais les anciens maîtres auront juste avant quitté les lieux avec le souvenir intact d’une Cerisaie éternelle.

 

DISTRIBUTION

Cécile DUCHARNE  LIOUBA
Céline ARNAUD                                     ANIA
Laurence CHANELLIERE    VARIA
J Y Bonnet GAEV
Paul SABIA    LOPAKINE
Michel MERAL TROFIMOV
Henri SIMON   PICHTCHIC
Noelle Scotto di Rosato. CHARLOTTE
Daniel GAGNAIRE EPIKODOV
Stéphanie BESSETTE DOUNIACHA
Pierre JURIE FIRS
Georges HELLE YACHA
Henri SIMON et Alain OUSTIAKINE  PASSANT, chef de gare

MUSIQUE :

Conception : Philippe GUINI / Paul SABIA

Réalisation : Paul SABIA

 

COSTUMES :

Conception  : Philippe GUINI / Claudie LACAZE

Réalisation  : Claudie LACAZE

 LUMIERES  : Philippe GUINI

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Photos

 

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Le mot du metteur en scène de Philippe Guini

La cerisaie est la dernière œuvre littéraire dramatique d’Anton Pavlovitch TCHEKHOV, né en 1860, décédé en 1904. La tuberculose emporte Tchékhov à 44 ans.

Outre une œuvre littéraire importante, Tchékhov, est depuis la fin du XIXème siècle, joué en Russie avant la Révolution de 1917, et continue à l’être après et aujourd’hui.

En France et dans le monde, son œuvre dramatique passionne dès les premières traductions, de nombreux metteurs en scène de théâtre et notamment les plus renommés, de Georges Pitoëff à Peter Brook en passant par Giorgio Strelher, Otomar Kréjca, Lucian Pintillé, Mathias Langoff etc…

Oncle Vania, Ivanov, Platonov, Les trois Sœurs, La Mouette, La Cerisaie, font désormais partie du répertoire des Théâtres français et sont hautement considérés. Sans doute, aujourd’hui, la popularité de Tchékhov s’étend du fait de la diffusion de certaines de ses pièces sur le petit écran.

Indéniablement, la notoriété d’Anton Tchékhov est établie.

Qu’est-ce que La Cerisaie ? L’Eden. La source de vie. Le lieu sépulcral. Entre le début et la fin. Entre le jour et la nuit. Entre. Mais blanc. Presque. Et des tâches. Des foyers possibles. Là enfin où les protagonistes Liouba Andréevna Ranewskaîa et Gaev, la sœur et le frère, aujourd’hui dans la force de l’âge, y sont nés et s’y retrouvent. Liouba, revient presque périodiquement avec sa fille Ania, dans cette maison que Gaev habite en permanence avec ses domestiques et sa nièce Varia la fille adoptive de Liouba, laissée à demeure plus par nécessité que par affectivité, car elle assume seule avec amour, par amour filial, la gestion de la Cerisaie. La Cerisaie, cet immense verger de cerisiers avec sa vielle bâtisse.

Liouba Andréevna, parcourt - a parcouru – le monde avec son mari défunt il y a quelques années, sa fille Ania et son fils accidentellement décédé à l’ âge de cinq ans, ici même dans la rivière près de la Cerisaie. Précédant l’exode de l’aristocratie russe, avant, pendant et après la révolution, Loubia s’établit à Menton en France dans une propriété dont elle vient de se dessaisir pour payer une partie de ses dettes et vivre à Paris où elle y menait grand train et y laissa ses derniers kopecks. La Cerisaie aussi est hypothéquée et sa vente prochaine aux enchères, devrait rapporter à peine de quoi payer les dettes.

Sauf, si la solution proposée par Lopakine est adoptée. Lopakine a joué enfant avec Liouba. Ils étaient voisins. Son grand-père était moujik. Lui a étudié. Il participe à la mise en œuvre du processus de la libre entreprise. Il entreprend, convaincu d’améliorer ainsi la condition de la vie des hommes.

La dépossession de la Cerisaie, conduit Liouba à envisager un désespéré nouvel exil et Gaev à projeter une activité professionnelle plus imaginaire que réelle, mais stimulus indispensable à sa survie.

La vente de la Cerisaie, met apparemment un terme à l’enlisement des biens de la famille et met définitivement un terme à son pouvoir séculaire. L’abolition du servage répond aux nécessités économiques de la bourgeoisie et dépouille l’aristocratie de son capital humain de production. La bourgeoisie est la nouvelle classe sociale au pouvoir, elle met en œuvre les nouveaux moyens de transformation et de production, fruits des derniers développements scientifiques techniques et industriels dont Lopakine est le digne représentant.

Mais chez TCHEKHOV, les choses décrites sous une apparente simplicité, organisent une structure complexe à plusieurs niveaux et sont chargées de significations profondes.

La musique et la danse habituellement sources de joie et de plaisir, scandent ici la dérive de l’embarcation du vieux monde dont le coup de hache qui abat la Cerisaie, vient de rompre les amarres.

La Cerisaie va disparaître, mais les anciens maîtres auront juste avant quitté les lieux avec le souvenir intact d’une Cerisaie éternelle. Ainsi procèdent-ils quand ils puisent dans l’armoire séculaire les objets instruments du culte du passé. La dérision, le burlesque, le clownesque, sont aussi les attributs d’une farce qui « accoucherait à cheval sur une tombe ».

Janvier 97

Production au Centre Culturel de Pierre Bénite du 22 au 30 avril  1997.

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